
J'aime cette affiche.
Les bras sont ballants, enveloppants, rassurants - Les lèvres sont charnues, gourmandes, amoureuses.
Il fait chaud mais un léger vent rafraîchit l'air. On a envie de manger des fruits et de sentir leur jus coulant le long du poignet. On prendrait bien un peu de vin. Elena : ses bras serrant mais pas trop Juan Antonio, ses lèvres : c'est l'amour. Présent mais en retrait, bienveillant, affectueux, beau.
Les lèvres, celles de Cristina donnent envie d'être embrassés, le torse de Juan Antonio enlacé, agrippé.
On sent le désir dans cette photo, le désir charnel et pourtant une innocence plâne, une indolence.
Se laissez-aller au plaisir, au rire, à l'art, aux sentiments.
Prends- moi la main, mon bras que je ne te lâche plus. Les couleurs sont un peu estompées tel un lointain souvenir, un rêve. Regarder cette affiche peut-être aussi douloureux que de se réveiller et de réaliser que ce n'était qu'un doux rêve, que la présence de l'amant n'était qu'un songe.
Les cheveux d'Elena et de Cristina : la grâce, lâchés au vent ou rangés à la va-vite, un chignon de rien, les mèches couvrent une partie du visage, elles leur frôlent le cou, couvrent une partie de leur visage. je veux passer la main dans leur cheveux, je veux qu'on me passe la main dans les cheveux.
Ils semblent ne former qu'un. 3 corps, 3 bouches : 1 homme, 2 femmes. L'une blonde incandescente, l'autre brune brûlante : Ils se touchent à peine. Peut-être si'ls se touchaient vraiment, ils s'enflammeraient?
Je les contemple comme ils contemplent la vie. Revenons aux premières scènes du film. J'aimerais avoir cette rencontre fortuite : ne pas avoir peur d'une proposition soi-disant indécente. Je ne veux pas me ranger derrière ces principes, ces manières, ces évidences "qu'il ne faut pas". Cette arrogance de croire que ce n'est PAS BIEN, de croire qu'il y a mieux ailleurs.
Y-a-t-il vraiment mieux q'un picnic sur les hauteurs de Barcelone? Que de se perdre dans l'autre? d'en être étourdie et de se retrouver béate, les lèvres entreouvertes, les bras ballants cherchant l'étreinte.
Ca fait mal de savoir que c'est ça. Ca fait mal de savoir que c'est ça et rien d'autre et que ça n'est déjà plus. L'étreinte est terminée, le sommeil est arrivé, l'éclat de rire étouffé, l'amant s'en est allé...
Cette affiche dit beaucoup de ma vision de l'amour, de mon Barcelone, de ma vision de la beauté, de ma langueur.
Pourquoi attendre? Parce que oui, on ne sait pas toujours ce que l'on veut et ce que l'on veut n'est pas toujours ce dont nous avons besoin. Mais arrêtons-nous là, j'en ai déjà le coeur serré, le ventre noué.
Dieu que ce ventre parle pour moi. Avec moi, c'est plus de ventre que de mal. Depuis que je suis petite il est la tour de contrôle de mes douleurs et de mes appréhensions.
A 6 ans, vomir me faisait pleurer toutes les larmes de mon corps.
A 14 ans, mon ventre se nouait dans la nuit à imaginer mes parents divorcer.
A 16 ans, il se tordait lorsque je connus les premières peines d'amitiés.
A 21 ans, il convulsa, se retourna, se ferma à la perte du premier amour.
Et depuis, je le ménage tellement que je ne prends plus le risque de le contrarier. Mais ce n'est quand même pas mon ventre qui va décider pour moi!
Tout le monde dit qu'être irrationnel c'est se laisser importer par son coeur. Oui, c'est vrai, mais le coeur n'est qu'un opérationnel, un messager dans cette affaire qu'est l'amour. Le roi, celui qui a le droit de veto, celui qui laisse passer ou empêche avant même que le moindre sentiment ne puisse éclore : c'est le ventre. Le coeur est déjà à l'ouvrage sinon à quoi bon battre.
Ma nouvelle résolution 2009 : ne plus laisser mon ventre commander!
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